Incroyable Equateur
- Gwen
- 1 mars 2017
- 10 min de lecture

Le 16 janvier nous passons en Equateur, l’équateur est un pays peu connu et pourtant … Nous y avons tout trouvé, du bonheur de vivre, de l’éducation, des paysages très variés à couper le souffle, des climats différents qui permettent de passer de 30° à 15° dans la journée. Le pays est divisé en 4 régions la région de la côte, la sierra au centre du pays qui occupe un quart du territoire à plus de 3000 mètres d’altitude avec 22 sommets qui culminent entre 4 270 et 6 000 m d’altitude, la région amazonienne et les galapagos.
Nous prenons une très bonne route pour aller vers l’est du pays dans le parc Podocarpus avant d’arriver au parc nous traversons la ville de Loja, qui a le titre de 3ème ville la plus écologique au monde grâce à son système d’eaux usées. Pas un papier ne traîne parterre ce qui contraste avec le Nord du Pérou que nous avions trouvé extrêmement sale. Après un supermarché repéré et les courses effectuées, nous arrivons au parc nous ne sommes plus dans les heures officielles d’ouverture mais l’accès du parc est tout de même ouvert nous y entrons et après plusieurs kilomètres de piste, nous accédons à un poste de surveillance de Guarda parques, sur place des douches, des toilettes et la connexion internet tout cela gratuitement au beau milieu d’une magnifique nature, dans ce parc se côtoient 4000 espèces de plantes, 560 espèces d’oiseaux et des centaines de variétés d’orchidées. Le lendemain de notre arrivée nous partons avec Philippe faire une randonnée, 4 heures de marche le long d’une crête à quelques 4000 mètres d’altitude, il a fallu lutter contre le vertige, de l’escalade était nécessaire à certains moments mais quel plaisir de voir cette nature préservée, nous sommes impressionnés de voir autant de diversité dans au mètre carré.
Nous discutons avec les guarda parques qui sont très sympathiques.

Le lendemain matin, voulant redémarrer nous n’y parvenons pas, batterie à plat, les guarda parques viennent tout de suite nous aider avec leur véhicule et le camping-car redémarre, nous partons découvrir la partie Sud de l’équateur avec entre autres la ville de Vilcabamba qui veut dire en Quechua vallée sacrée. La ville jouit d’un climat éternellement printanier. Dans les année 50, un américain révèle au monde l’existence de ce paradis où les malades recouvrent miraculeusement la santé et où les habitants atteignent des âges avancés bien au-delà de la centaine d’année. De nombreuses équipes de scientifiques, médecins et journalistes du monde entier ont cherché à l’expliquer. Il y aurait plusieurs facteurs : une alimentation végétarienne, une eau à la minéralité particulière, un climat toujours égal (19°C à 20°C et 65% d’humidité) ainsi qu’une absence totale de stress. Samuel a approuvé totalement, non pas qu’il ait trouvé cela très bien mais il a déclaré qu’ils étaient tous tout le temps dans le hamac et qu’ils ne faisaient strictement rien de leur journée et ça c’est pas pour lui. Beaucoup d’étrangers vivent à Vilcabamba, sans doute attirés par cette douceur de vivre.

Un petit problème dentaire, nous a obligé à aller voir le dentiste, une femme charmante avec qui j’ai pu discuter de la vie locale, elle me confirme que la vie est très agréable, avec 1500 $ on vit bien, les loyers ne sont pas très élevés, les gens agréables, la vie paisible. Ce problème dentaire nous oblige à revenir le lendemain au cabinet, nous nous trouvons un coin à côté d’un parc de loisir en bordure du village, là nous rencontrons une française maitresse, installée depuis quelques années et qui prend un réel plaisir à y vivre.
Le lendemain, nous quittons ce petit paradis pour monter vers la ville de Cuenca qui est inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1999. Nous nous promenons dans ses ruelles. Nous allons découvrir le musée d’art contemporain, il accueille une biennale, nous y découvrons des artistes uruguayens, beaucoup d’installations. La ville est agréable, beaucoup de façades historiques, de petites rues pavées, de balcons ouvragés. La nouvelle cathédrale Immaculée conception est grandiose considérée comme l’une des plus belles d’Amérique latine, elle réunit trois styles : roman pour le bâtiment, renaissance pour le toit et gothique pour la flèche. Mais il y a un hic, la cathédrale n’a jamais été terminé, il y eut des erreurs de calcul et les cloches étant trop lourdes pour la structure n’ont pas été placées dans le clocher !

Nous nous restaurons dans une pizzeria qui propose une bonne connexion internet et qui nous permet de diffuser un film très rapidement ce qui est extrêmement rare !
Après cette visite nous souhaitons découvrir la côte équatorienne, nous descendons donc la sierra, la route est bonne mais très sinueuse, nous passons encore une fois en quelques heures d’un climat tempéré à des températures tropicales en nous dirigeant vers la ville de Guayaquil, nous nous décidons à passer la nuit dans une station-service avant d’arriver à la ville, les villes n’étant pas forcement les meilleurs endroits pour dormir pour nous, manque d’espace, bruits, …. Le lendemain nous sommes dimanche et la belle ville qui a des airs de Miami Beach nous tend les bras. Nous trouvons un emplacement pour se garder, le policier nous propose très gentiment de rapprocher le camping-car pour qu’il puisse toujours avoir un œil dessus. Guayaquil a longtemps été une ville portuaire où il ne fallait pas mettre les pieds, elle a été totalement rénovée et aujourd’hui elle est très belle et propre, nous visitons le musée archéologique et d’art contemporain. Il présente une collection de 5000 pièces archéologiques provenant d’une civilisation précolombienne de la région de Valdivia avec notamment les venus de Valdivia, toutes les pièces sont d’un niveau de conservation incroyable, seuls quelques pièces manquent à l’appel, certaines endommagées car tombées de leur socle pendant le tremblement de terre du 18 avril 2016 et en cours de rénovation d’autres en exposition temporaire au superbe musée du Quai Branly à Paris.
La culture de Valdivia était concentrée sur la côte de l’Équateur. Son existence a été découverte récemment à la suite de découvertes archéologiques. Leur culture est la plus ancienne des Amériques, s'étendant sur une période qui s’étend de 3500 à 1800 avant notre ère. Le peuple de Valdivia vivait dans des maisons communautaires construites en cercle ou en ovale autour d'une place centrale. C'étaient des populations sédentaires qui vivaient de l'agriculture et de la pêche, bien qu’il leur arrivait parfois de chasser le cerf. D’après les restes qui ont été découverts, les chercheurs ont conclu que les Valdiviens cultivaient le maïs, les haricots, les courges, le manioc, les piments forts, et le coton qui a été utilisé pour fabriquer des vêtements. La poterie de Valdivia était initialement grossière et pratique, mais elle est devenue plus élaborée, délicate, et de grande dimension au fil du temps. Ils utilisaient généralement comme couleurs le rouge et le gris, et la poterie avec un vernis rouge foncé est caractéristique de la période de Valdivia. Dans ses œuvres de céramique et de pierre, la culture Valdivia montre une progression des œuvres les plus simples vers les plus compliquées.
L’autre partie du musée est consacré aux œuvres d’art contemporain, quelque 3000 installations, tableaux, sculptures sont exposés. C’est le plus grand musée d’art contemporain d’Equateur, nous y découvrons des artistes noirs qui contrastent beaucoup avec les habitants rencontrés qui sont souriants et optimistes.
http://www.museos.gob.ec/redmuseos/maac/
Nous continuons notre visite par la découverte du malécon 2000, la promenade construite en bord de mer, avec sculptures, amandiers et palmiers, le dimanche c’est la promenade de toutes les familles, qui déambulent joyeusement, font du roller, s’arrêtent prendre un verre. Nous retournons au camping-car par les petites rues colorées du Quartier Las Peñas et nous nous arrêtons acheter des Panamas pour moi et Samuel. Le Panama est bien originaire d’équateur et non du Panama. Le policier a bien surveillé le camping-car et nous salue avec un grand sourire.
Nous faisons un petit détour par le parc Simon Bolivar autrement appelé le parque de las Iguanas, autour de la statue équestre de Simon Bolivar, des dizaines d’iguanes se prélassent au soleil sur le sol et dans les arbres, ses petites bêtes préhistoriques en liberté sont impressionnantes et Thomas et Samuel prennent beaucoup de plaisir à les prendre en photos.

Nous arrivons à un bivouac que nous ne quitterons pas pendant 3 jours, chose très rare pour nous, le bivouac est situé sur la plage du village de Pueblo Nuevo à côté de Puerto Lopez, des barques sont sur bouées à environ 500 mètres du rivage. A l’autre bout de la plage, deux puits d’eau douce en libre accès, les villageois viennent puiser leur eau avec leurs ânes très régulièrement. Ils sont tous très sympathiques et nous accueillent merveilleusement bien.
Philippe et Thomas partent plonger avec le fusil à harpon du bord et reviennent bredouilles. Un pêcheur passe et vient discuter, il nous apprend qu’il y a beaucoup de poissons au large autour d’un rocher qui ressemble un peu au rocher du Diamant en Martinique. Eux pêchent des crevettes et quelques petits poissons, ils proposent aux garçons de les accompagner le lendemain.
Au lendemain vers les 10 h, 4 pêcheurs arrivent, ils vont récupérer la barque sur le corps-mort, Philippe demande : je prends mon harpon, ah oui surtout ! Sitôt arrivé sur le lieu de pêche, Philippe retrouve ses réflexes de plongeur apnéiste, aussitôt à l’eau, il repère un poisson et tire et hop un premier poisson, Thomas plonge également et prend son premier poisson en apnée avec le fusil à harpon. Samuel très heureux attrapait tous les poissons au fur et à mesure, les pêcheurs étaient ravis de pouvoir récupérer des spécimens qui leur sont inaccessibles puisqu’ils ne mettaient pas la tête sous l’eau, dû sans aucun doute aux peurs ancestrales. Le courant est impressionnant, Thomas et Philippe en fin de pêche sont jetés contre une dalle. Par chance, ils s’en sortent sans blessure mais les palmes de Philippe sont expulsées violamment et disparaissent dans les flots, les pêcheurs en retrouveront une le lendemain, coupée en deux. La pêche a été très bonne, nous gardons un perroquet pour le faire en Ceviche (poisson cru avec oignons, épices, citron), le reste du poisson revient à nos amis. Ils dégustent tous ensemble quelques bonnes bouteilles de bière écuatorienne.

Le 24 janvier au matin, je me rends avec Samuel à l’école du village et demande à la maitresse si elle peut nous accueillir, elle n’y voit aucun inconvénient bien au contraire. La classe comprend 24 élèves de 3 ans à 11 ans.
En Equateur l’école commence à 7h00 le matin et termine à 12h30. Elle est obligatoire de Ils ont à peu près le même programme que nous. Ils portent des uniformes comme quasiment tous les élèves sud-americains, généralement un jeans et un Tshirt pour les garçons et une jupe et un polo pour les filles. Le lundi commence par le chant de l’hymne national à 9h30, les enfants ont un goûter fourni par le gouvernement, un lait aromatisé et deux paquets de gâteaux avant de partir en récréation.

Les deux plus petits élèves de 3 ans tracent des lettres consciencieusement sur leur cahier, ils ne jouent jamais en classe. Ils sont d’une douceur infinie le petit garçon comme la petite fille. Les autres élèves sont également dans la copie d’une page d’un livre de leur choix, l’écriture est très précise, il y a une seule façon d’écrire les lettres, l’enseignante l’explique à Samuel, toutes les lettres sont écrites en attachée et jusqu’à la fin du mot il est interdit de relever le crayon, la maîtresse fait recommencer le mot si les lettres ne sont pas parfaitement attachées.
Certains élèves n’arrivent pas à apprendre à lire mais la maîtresse me dit sa difficulté pour faire de la pédagogie différenciée et pouvoir s’occuper de tous les élèves individuellement, il existe des solutions d’aide en Equateur mais dans les petits villages éloignés, personne ne vient au secours. Il n’y a pas non plus d’anglais enseigné car la maîtresse n’a pas ces compétences et il n’y a pas de possibilités d’avoir quelqu’un d’habilité.
Je leur propose une séance de français en parlant tout d’abord de la France pour savoir un peu s’ils connaissaient le pays, aucun enfant n’a entendu parler de la France, ils sont tous très attentifs et en demande, je leur montre un porte clef de la tour eiffel en leur indiquant que c’est le symbole de notre pays, ensuite je leur donne quelques mots français ressemblant à l’espagnol et enfin un tour de la classe en leur apprenant : Comment tu t’appelles ? Je m’appelle .......

Le petit garçon de 3ans prononce parfaitement ces quelques mots, je lui offre donc pour le récompenser mon petit porte clef tour eiffel, il en est très fier, mais n’hésitera pas tout de même à me dire que la prochaine fois il veut un autre cadeau comme un ballon par exemple.
La séance de français se continue dans la cour de récréation, j’appelle Thomas pour qu’ils viennent filmer et nous organisons un jeu du facteur, que j’avais déjà expérimenté à plusieurs reprises avec les maternelles et aussi avec les CE2 en anglais, les enfants sont très motivés écoutent, agissent, c’est un réel plaisir de partager ce moment avec eux.
Après cette récréation, nous rentrons en classe et chaque enfant vient lire une page de lecture à haute voix devant le tableau très cérémonieusement, la maîtresse leur demande de tenir leur livre d’une façon précise et les reprend si la posture n’est pas parfaite. L’enseignante me demande d’intervenir pour leur dire la valeur de la lecture, j’espère avoir été assez persuasive, depuis notre départ en voyage je lis énormément, merci la liseuse.
L’autorité, le recadrage, il n’y en a pas à faire, les enfants n’en ont pas besoin, ils sont dociles naturellement, gentils.

La matinée se termine par la visite du camping-car, nous faisons entrer les enfants quatre par quatre pour visiter notre casa rolante, ils sont tous émerveillés, ils n’ont jamais vu un tel véhicule. Certains enfants confient à leur maîtresse que la veille ils avaient mangé le poisson pêché par Philippe et qu’il était très bon.
Dans l’après-midi pendant que les enfants travaillent, Philippe et moi partons faire une longue promenade sur la plage, plusieurs puits d’eau douce avec une forte odeur de soufre sont présents tout le long de la plage. Pendant notre absence, les pêcheurs passent pour inviter Philippe a un match de foot à partir de 20h au village pour partager quelques bières.

Le 25 janvier, nous avons quitté nos pêcheurs avec grand regret, ils nous ont proposé de nous donner un terrain pour qu'on puisse construire notre maison. Dans la ville voisine je m’arrête acheter du pain on m'offre un gros gâteau supplémentaire.
A la ville de Manta je trouve un supermarché, nous allons faire quelques provisions et en revenant je trouve Philippe en pleine conversation avec un homme garant les voitures qui voulait nous inviter à venir chez lui pour goûter son fromage.
Pour la nuit nous trouvons un centre de récréation avec une grande piscine, nous n’avons pas dormi, le centre était juste à côté de la route très bruyante, nous étions prêts à mettre dans l’application Ioverlander un avis négatif mais au petit matin Glenda la maîtresse de maison vient nous chercher car elle nous a préparé un petit déjeuner avec pains au fromage tout frais sortis du four, les femmes de la maison ce sont toutes installées autour de nous dans des hamacs pour discuter. Nous repartons les bras chargés de victuailles, bananes, fromage, pains. Nous n'avons que des regards bienveillants et des sourires.

La route empruntée en travaux grimpe la sierra et traverse les champs de cacaoyers, au détour d’un énième virage, un petit village offre de multiples restaurants, pour un bon plat à volonté avec boisson comprise (du jus de tomate de arbol délicieux) nous paierons 2$ moins cher que les locaux qui eux payent 2,50$ !!
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