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Alaska première partie

  • Gwen
  • 7 août 2017
  • 9 min de lecture

Là où tout a commencé … Il y a presque 20 ans, je travaillais pour une croisière américaine en Alaska. Philippe lui aussi était en Alaska pour les vacances. Nous étions le même jour à Skagway mais ce jour-là nos chemins ne se sont pas croisés !

Notre rencontre a eu lieu au retour d’Alaska le 15 septembre 1997 dans l’aéroport de Puerto Rico, je partais en vacances voir mes parents en Martinique et Philippe y travaillait depuis quelques années. Je me rappelle de la première image que j’ai de lui dans le bus menant à l’avions avec son chapeau et son air d’aventurier. Il s’est placé derrière moi dans le petit coucou et nous avons discuté sans arrêt pendant tout le vol, arrivés à l’aéroport du Lamentin, nous récupérons nos bagages toujours en parlant. Le douanier demande son passeport à Philippe, il le lui tend et se tourne vers moi « votre passeport » « nous ne sommes pas ensemble » « votre passeport ». Il les met l’un sur l’autre « qu’est-ce que vous venez faire en Martinique ? » « J’y travaille depuis 8 ans » « et moi … ». Il me coupe la parole, rend les deux passeports l’un dans l’autre à Philippe qui ne peut s’empêcher forcément de me dire « tu viens Chérie ! ».

Je n’ai plus quitté la Martinique …

Nos deux petites merveilles nous ont rejointes, Thomas notre martiniquais a 16 ans. Samuel, notre montalbanais aura 12 as en septembre …

20 ans … 20 ans d’amour dans la bonne humeur et la bougeotte. Aujourd’hui après un an de voyage, nous sommes une famille encore plus unie, unie par le goût de l’imprévu, par les défis en tout genre, par beaucoup de tendresse et d’amour.

Avant le passage de la frontière nous bivouaquons à côté du rail de chemin de fer de la ruée vers l’or qui n’est plus en activité depuis plusieurs décennies.

Au passage de la frontière, nous demandons 3 mois supplémentaires en effet nous arrivons quasiment au bout de notre visa et l’aventure n’est pas terminée. Les douaniers nous les accordent sans soucis.

La ville de Skagway est une ville riche d’histoire. En 1887, un an après la découverte d’or au Nord-ouest du Canada, la ruée commence. Deux villes voient le jour en quelques jours, Dyea et Skagway. Pour rejoindre la région de Dawson City au Canada, les chercheurs d’or devaient franchir un col depuis Skagway, le White Pass Trail et depuis Dyea, le Chilkoot trail. Des hommes en file indienne franchissaient ces cols dans la neige avec leur énorme chargement de nourriture, les autorités canadiennes fermaient la frontière à toute personne n’ayant pas un an de vivres avec elle, soit environ 900kg. Quelques années plus tard, le chemin de fer fût construit et Dyea disparut. Aujourd’hui, la ville de Skagway est habitée par 850 habitants et ne vit plus que du tourisme en témoignent les nombreuses boutiques. Nous y dégustons quelques pattes de King crab.

Le cimetière de Skagway utilisé de 1898 à 1908 accueille 133 tombes entre les premiers arrivants et les participants à la ruée vers l’or. Des bandits tués au colt s’y trouvent mais également des familles entières, on ne vivait pas très vieux au pays de l’eldorado !

Nous repassons la frontière en direction de Whitehorse puis en direction de l’autre frontière alaskaine. Arrivés au croisement nous tirons à pile ou face d’abord Anchorage ou Fairbanks et la Dalton Highway ! Ce sera la Dalton et le bout du bout de la route. Fairbanks est la deuxième plus grande ville de l’Alaska avec 40 000 habitants, c’est encore une ville montée en quelques jours de la découverte de l’or. Nous faisons de bonnes provisions pour nous préparer pour la route, car il n’y a pas grand-chose pendant ces 666 kilomètres.

Le 20 juin, nous nous élançons en suivant la colonne vertébrale du Nord de l’Alaska, le pipeline ! Je cite « Le petit fûté »

« La Dalton Higway et la Panaméricaine

En 1969, du pétrole fut découvert à Prudhoe Bay, sur la côte nord de l’Alaska. Après de longues négociations, le projet de construire un pipeline fut approuvé. Le but était de rejoindre cette côte à Valdez, 800 km plus au Sud, afin d’acheminer l’or noir vers les bateaux. En seulement cinq mois, la Dalton Highway fut construite afin d’ériger ce pipeline, achevé trois ans plus tard. La piste débute près de Livengood, à 80 km au nord de Fairbanks, et va jusqu’à Deadhorse, sur la côte nord de l’Alaska, 666km plus loin. En 1977, l’Arctique fut ainsi changée à jamais. La terre étant gelée en permanence (permafrost), il a fallu isoler la route en graviers avec de grands panneaux pour éviter aux UV de faire fondre la base de la route à travers des graviers.

Bien qu’une partie de la route fût accessible au public en 1981, ce n’est qu’en 1994 qu’elle sera ouverte jusqu’à Deadhorse. Ce dernier tronçon symbolise aussi le point de départ, ou d’arrivée de la mythique Panaméricaine qui traverse tout le continent sur un axe nord-sud. C’est en 1889 que l’idée d’une voie reliant les deux extrémités du continent américain fut envisagée. On évoquait alors le rail, mais le projet ne fut pas mené à exécution. Il fallut attendre 1923 et la conférence internationale des Etats américains pour que l’idée ressurgisse. Cette fois-ci, la route fut choisie comme moyen de communication et, en 1950, le Mexique devint le premier pays à terminer officiellement son tronçon. Mais la route Panaméricaine ne forme pas une seule et même voie. Jusqu’au Mexique, entre l’Alaska et le Texas, aucune autoroute ou voie rapide n’est officiellement reconnue comme faisant partie de la route intercontinentale. C’est pourquoi il est possible d’emprunter diverses autoroutes avant de rejoindre le Mexique car la Panaméricaine est avant tout un idéal, un désir de trait d’union à travers cet immense continent.

S’y aventurer

Aucune compagnie de location de voiture n’autorise d’emblée l’accès à la Dalton Highway, à moins de souscrire des assurances très coûteuses dans certains cas. Outre cela, s’y aventurer demande un minimum de préparation. Il faut prévoir un kit de réparation pour les pneus, une réserve d’essence, de la nourriture et des vêtements chauds. Les conditions climatiques peuvent être rudes à tout moment de l’année, à savoir brouillard, vent glacial ou neige. Si le temps est clément, les inondations ne sont pas rares et les moustiques y sont plus que voraces. Vous croiserez souvent des camions pressés par le temps qui ne prendront pas la peine de freiner en vous croisant, vous plongeant ainsi dans la poussière et les graviers qui volent. Les motels sont rares, non luxueux et très chers. Une fois arrivé à Deadhorse, vous ne pourrez aller plus loin. Pour accéder à la côte, vous devrez vous joindre à un tour organisé. Malgré ces obstacles, la route est magnifique et vous plonge littéralement dans une sensation de grand Nord sur près de 700 km. Pour plus d’informations sur la préparation de cette expédition, visitez : www.blm.gov/ak/st/en/prog/recreation/dalton_highway.html »

Le 21 juin, le jour du solstice d’été, nous arrivons au cercle arctique, c’est très déstabilisant, il n’y a pas du tout de nuit et il y a une température incroyablement élevé, 32°. Nous essayons de nous calfeutrer au maximum pour pouvoir dormir.

Des paysages de toundra commencent à apparaitre.

Quelques villages de chercheurs d’or se succèdent Coldfoot, Wiseman, nous visitons celui-ci avec plaisir, un chercheur d’or reconvertit en loueur de cabins nous accueille et nous invite à visiter son petit musée, qui est une pièce de 15m2 qui ressemble plus à un débarras qu’à un musée. Des photos, des reproductions des recensements du village du début du XXème siècle, quelques outils de chercheurs d’or, un coffre-fort d’époque … A l’extérieur, il nous invite à chercher nous-même de l’or, nous avons nos batées et prenons des pelletées de terre venant du yukon et découvrons quelques paillettes d’or. Le petit village est habité aujourd’hui par 10 habitants l’été et l’hiver seulement 2 résistent au froid et à la solitude pendant que certains partent à Hawaï ou dans la ville de Fairbanks.

Dans le petit village, une maison-boutique ancienne est également ouverte avec une caisse enregistreuse d’époque.

Nous avons récupéré dans une des offices de tourisme, un guide sur les rivières aurifères, nous nous essayons donc à la batée dans une des rivières la Nugget creek (pour info nugget veut dire pépite …) où il y a parait-il 4 à 12 $ par cubic yard (désolée je n’ai pas réussi à trouver la correspondance en système français ! Celui qui veut bien me donner l’info je suis preneuse). Nous bivouaquons pour la nuit juste à côté de la rivière, le camping-car commence à être rempli de poussière et au matin nous voyons très distinctement sur la porte de la soute, soit à quelques centimètres de la tête de Thomas, deux traces de pattes d’ours.

Nous traversons la chaîne des Brooks pour atteindre l’Atigun pass, à 4739 mètres d’altitude où nous observons quelques mouflons de Dall avec leur superbe pelage blanc.

Quelques kilomètres plus tard, nous avons la chance de voir traverser devant nous, un troupeau de bœuf musqué, avec surprise nous constatons qu’ils ne sont pas plus grands qu’un petit poney alors que nous les imaginions de la taille d’un taureau. Cet animal avait entièrement disparu d’Alaska au milieu du XIXe siècle, il a été réintroduit dans les années 30, 34 spécimens du Groenland furent placés en semi-captivité sur l’île de Nunivak, ils s’y sont reproduits et ont ensuite été réintroduits dans tout l’Alaska. Aujourd’hui la population est estimée à 2400 bœufs musqués, en anglais musk ox, en inuit omingmak qui signifie « l’animal dont la fourrure est comme une barbe ».

Après 4 jours de route, nous accédons à Deadhorse, la fin de la route au Nord, il n’est plus possible pour le camping-car d’aller plus loin. Deadhorse n’est pas vraiment une ville, les travailleurs s’y installent pour quelques mois seulement pour les utilités pétrolières, partout de gros véhicules équipés pour subir les pires conditions climatiques. Plusieurs hôtels faits de containers proposent des chambres à des tarifs disproportionnés et il est interdit de faire du camping avec des tentes car la zone est dangereuse trop d’ours sont présents sur place.

Les enfants se baignent dans le lac le plus proche du bout du bout !

Après le plein de diesel très cher … oui certes un peu contradictoire quand on est si proche d’une des plus grosses productions de pétrole du monde … dans une station où les pompes à essence sont toutes protégées par un grand coffre avec rideaux de fer pour éviter les grands froids, nous prenons la route du retour.

La route est en construction ou plutôt en rénovation permanente. Le passage de ces portions de route est très organisé, une personne se tient au début des travaux avec son panneau Slow d’un côté et Stop de l’autre et nous fait patienter pour attendre la voiture pilote, un gros pickup. Cela a toujours été un très bon moment d’échanges avec les préposés au panneau, qui gagnent d’ailleurs très bien leur vie en travaillant seulement 4 mois.

Sur le retour, nous passons un agréable moment dans la toundra, à minuit et demi il fait toujours grand jour et la température est parfaite et les moustiques ne sont miraculeusement pas là !

Alors que ces terres extrêmes sont généralement infestées de ces petites bestioles, la nature n’ayant que 3 mois pour s’exprimer en Alaska, elle est donc en effervescence. Nous voyons des caribous, beaucoup d’ours notamment un pizzli :

Je recopie ici un article de Sciences et avenir :

C'est un mot-valise, mais est-ce une nouvelle espèce ? Le grolar (comme "grizzly" et "polar") ou pizzly (les même mots, mais à l'envers !) est l'hybride engendré par l'ours brun et l'ours blanc. Sciences et Avenir a interrogé à son sujet la professeure au Muséum national d'Histoire naturel (MNHN) Géraldine Véron, par ailleurs commissaire de l'exposition "Espèces d'ours !", qui s'est ouverte le 12 octobre 2016 et s'achève dans quelques jours, le 19 juin 2017, au Jardin des Plantes, à Paris (et dans le cadre de laquelle on peut aussi découvrir les images du photographe animalier Vincent Munier).

Le pizzly ou grolar n'est pas une nouvelle espèce d'ours

"Non, ce n'est pas une nouvelle espèce (...), il y a eu des cas signalés dans la nature. C'est lié au changement climatique, l'ours brun pouvant remonter plus au nord et l'ours blanc descendre un peu plus au sud : il y a donc plus de rencontres", explique Géraldine Véron. Le phénomène, en revanche, ne semble pas inédit. "On pense que cela s'est déjà produit au cours des glaciations du Pléistocène : les analyses génétiques tendent à démontrer qu'il y a des traces du génome de l'un et l'autre dans les populations. Mais cela ne veut pas dire pour autant que cela va être à l'origine d'une nouvelle espèce. Il faudrait déjà vérifier si ces hybrides peuvent se reproduire, ce qui n'est pas forcément le cas", reprend la scientifique, qui cite l'exemple des mulets, nés des amours de l'âne et de la jument, et qui demeurent stériles... Retrouvez nos précédentes vidéos tournées avec des chercheurs du MNHN, comme par exemple "Pourquoi la loutre a-t-elle été considérée comme un animal nuisible ?", une question à laquelle répond le mammalogiste Patrick Haffner, ou "Le percnoptère, un vautour à l'allure préhistorique"présenté par l'ornithologue Jean-Philippe Siblet.

Nous sommes de retour à Fairbanks pour le 27 juin, le jour des 16 ans de Thomas. Au matin, le pain maison a été planté de bougies.

Nous passons manger dans un restaurant, Thomas voulant manger une pizza pour son anniversaire mais ne trouvons qu’un pizza Hut. Pour le goûter, nous avons rendez-vous avec Sophie et Jeremy. Ils ont entrepris Alaska Patagonie en vélo pour 18 mois. ( http://alaska-patagonie.com ). Malheureusement, Sophie a chuté sur la Dalton Highway quelques jours plus tôt, en se prenant un des nombreux nids de poules. Elle est en convalescence sur Fairbanks et ils reprennent la route début août. Une conférence à Mexico City est prévue dans le lycée franco-mexicain où les enfants seront scolarisés, nous aurons donc l’occasion de les revoir. Nous fêtons dignement l’anniversaire autour de deux gâteaux américains, la base est exactement la même, un style de cake au chocolat décoré avec énormément de colorant. Jeremy et Thomas auront d’ailleurs la bouche complément bleue.

La rencontre est toujours très agréable entre voyageurs, on ne voit pas le temps passer, nous les quittons à 9h et demi du soir.


 
 
 

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