Jusqu'à Ushuaia
- Gwen
- 4 nov. 2016
- 6 min de lecture

Le lendemain de la soirée crêpe, nous avons tenté de sortir du chemin toujours bien imbibé d’eau, nous avons réussi à quitter le bord de la falaise mais la piste étant trop boueuse, nous ne tentons pas d’aller plus loin. Les enfants se mettent au travail et dans l’après-midi ils s’amusent avec Lalie, Céleste, Salomé et Elisa pendant que nous partons en promenade le long de la côte après environ 3 km de marche le paysage change, des dunes de sable apparaissent et nous découvrons sur la plage une colonie de pingouins de Magellan, nous descendons et nous nous promenons parmi des centaines de pingouins, certains dans leur nid, très émouvant.

Nous remontons vers le camping-car et Kristell des Oukilay nous appelle sur notre talkie-walkie, ils veulent faire une tentative de sortie du lieu puisque la journée ensoleillée a un peu séchée les pistes. Ils viennent nous récupérer avec leur 4x4 et nous quittons en convoi Punta Ninfas qui aurait été un grand plaisir mais en même temps teinté d’une certaine inquiétude.
Le souvenir de ces journées passées en compagnie de nos nouveaux amis restera gravé ! La solidarité que nous avons ressentie et cet esprit de bienveillance a été magnifique. Le convoi arrive jusqu’à Rawson en soirée et après une bonne nuit nous restons discuter encore quelques minutes. Les oukilay prennent une autre direction puisqu’ils partent vers l’ouest de l’Argentine, avec les vagueauvent nous avons à peu près le même parcours mais nous décidons de concert vu le froid que nous ferons juste le tour du rond-point à Ushuaia mais nous ne savions pas ce que nous allions trouver …
Nous filons …
Après le paysage de la frontière Argentine-Chili et la traversée du canal de Magellan en ferry, en 3 jours nous arrivons au bout de la terre dans la célèbre ville d’Ushuaia, après une « petite » panne de gaz donc de chauffage et deux nuits à 4 degrés. Le jour de notre arrivée, Ushuaia fête ses 132 ans d’existence, le jour est férié, tous les magasins sont fermés …. Mince encore une nuit à 4 degrés. Nous nous baladons dans la ville qui est entourée de montagnes enneigées sur le bord du canal de Beagle, la journée est très belle, les gens joyeux, un défilé est organisé dans la ville avec les écoles, les clubs sportifs le matin et l’après-midi un défilé militaire. Nous passons une nuit dans une aire aménagée avec parillada juste à l’entrée de la ville et revenons sur Ushuaia pour faire les corvées des villes (linge, courses, remplissage de bouteilles de gaz, etc, etc, …)
Avec Samuel, nous allons à l’école N°1 de la terre de feu pour savoir s’il est possible de venir le Lundi (nous sommes Jeudi) à l’école pour passer la journée avec les élèves et leur présenter un peu mon voyage, faire un peu de français et regarder comment fonctionne une journée de classe chez eux. La secrétaire après avoir en vain cherché le directeur dans le bâtiment nous propose de venir à 8h30 le lundi pour la matinée de classe.
Après le rendez-vous pris et les provisions rechargées, nous nous rendons au Parque National d’Ushuaia. L’entrée au parc est payante mais nous permet de profiter gratuitement des campings. Au matin, la végétation est totalement recouverte d’un manteau blanc, la neige tombe en abondance. Mes hommes en profitent pour faire une belle promenade. Encore une nuit à cet endroit, le gardaparque avec qui nous avons un excellent contact vient nous voir au matin et nous retournons à l’accueil régler une autre entrée car nous ne pouvons rester que 2 nuits dans le parc avec une entrée. Sur le retour nous trouvons 3 autostoppeuses que nous embarquons et c’est là que nous faisons la connaissance de Julie. Julie est une française de Menton partie il y a 11 mois du Mexique en solo, elle a traversé tous les pays d’Amérique latine ! Sacré caractère, enjouée, gentille, communicative, débrouillarde … Bref nous l’avons adorée. Elle continue son petit tour d’Amérique. Nous la déposons presque au bout du monde à quelques mètres de la fin de la ruta 3.
Au deuxième campement où nous avons pris place, des français en camping-car déjà brièvement vu à Puerto Madryn, les United Vaslin (Léa, Juliette, Charlotte et Greg) sont déjà installés mais partis en randonnée.
Après notre repas, nous partons également en randonnée jusqu’au bout du monde, nous traversons une forêt de petits arbres torturés par le vent avant d’arriver à un ponton qui s’avance sur le canal de Beagle. Nous pensons aux indiens Yamanas qui ont été décimés par les colons et qui vivaient nus toute l’année dans ces contrées, les femmes pêchaient des moules toute l’année dans la mer. La lecture du beau livre d’Isabelle Autissier « Mon amant de Patagonie » m’a permis de découvrir un peu plus leur mode de vie. Nous en profitons pour faire quelques clichés à la fin de la route 3 avec l’indication du kilométrage de l’Alaska 17 848 km, nous nous demandons encore comment ont-ils fait les calculs, nous avons à ce jour fait déjà 12 000 km en ne faisant « que » Montévidéo – Ushuaia !!!
En revenant au camping-car, nous retrouvons avec grand plaisir les vagueauvent qui nous ont rattrapé. La très bonne soirée se passe tous ensemble autour d’un bon barbecue avec partage de nos victuailles ! Les enfants entre 7 et 15 ans s’amusent comme des fous, la différence d’âge n’est pas un frein pour eux.

Le jour suivant, nous partons en randonnée dans le parc en dehors des sentiers balisés, nous sommes en tout début de saison et toutes les randonnées ne sont pas encore ouvertes. Nous prenons cuillères et canne à pêche et partons en direction d’un lac qui parait prometteur. Après 1 heure de marche au milieu de la végétation fuégienne, nous parvenons au lac mais nous ne jetterons pas de cuillères. Nous retournons par un autre chemin, Philippe aperçoit un rectangle qui ressemble étrangement à une batterie de drone … C’en est une et 5 mètres plus loin le drone est là …Il parait en excellent état, nous le ramenons et lisons le contenu de la carte avec les vagueauvent, le drone a passé tout l’hiver dans la forêt, les plans concernant la terre de feu datent de décembre. Pas moyen de savoir si le drone fonctionne puisque ce n’est pas le même modèle que notre drone, le chargeur de batterie, la télécommande ne sont pas compatibles.
Nous passons encore une soirée au parc et nous partons au petit matin pour être à l’heure pour notre matinée de classe.
Pendant que nous sommes à l’école, Philippe et Thomas profitent de la connexion gratuite d’Ushuaia pour télécharger un film et aller nous acheter notre repas du midi des superbes empenadas locales et trouver un piège à souris ! Depuis 2 nuits, c’est rodéo à bord, une souris a réussi à s’introduire chez nous et elle vaque à ses occupations pendant la nuit mais elle a dû sentir le danger car la nuit suivante, elle n’est pas réapparue.
Le ravitaillement fait nous partons sur l’estancia Harberton. Un petit peu d’histoire, le propriétaire de l’estancia était Thomas Bridge, un pasteur, le premier homme blanc qui s’était installé à Ushuaia le jour où le gouvernement argentin a voulu récupérer la ville, ils ont proposé à Thomas Bridge de choisir le terrain de son choix, il choisit donc d’installer son estancia Harberton (du nom du village d’origine de son épouse) le long du canal de Beagle au nord-est d’Ushuaia. Mr Bridge s’est battu pour le droit des indiens Yamanas qui ont été tués par les maladies apportés par les blancs mais aussi par une campagne d’extermination menée par le gouvernement. L’endroit est superbe, la ferme qui vit aujourd’hui essentiellement du tourisme est installée sur une crique protégée du vent. L’estancia propose 3 espaces de camping gratuit au bord de 3 belles rivières, elle s’étend sur 20 000 ha. Les bivouacs sont tellement agréables que nous nous y arrêtons 3 jours, les vagueauvent viennent nous rejoindre, au menu du soir barbecue de truites pêchées par les enfants. Nous allons jusqu’au bout de la route, c’est la route la plus au Sud du monde, nous ne sommes qu’à 120 km du Cap Horn, 1098 Km de l’Antartique, 12 573 km de l’Alaska à vol d’oiseau et nous sommes vraiment très très loin de Montauban…

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